Etre une femme !

Dans un voyage en Absurdie

Que je fais lorsque je m'ennuie
J'ai imaginé sans complexe
Qu'un matin je changeais de sexe
Que je vivais l'étrange drame
D'être une femme
(Michel Sardou et Pierre Delanoë)
 
   L’étrange drame d’être une femme ? Être une femme serait donc un « étrange drame » pour les auteurs de cette chanson…
 
   Passons, sans nous y arrêter, sur ces paroles qui ont été à l’origine de nombreuses controverses. Arrêtons-nous un instant sur la place des femmes dans nos sociétés. Je limite volontairement mon propos « aux sociétés » (entreprises), par rapport à « la société », sujet bien trop vaste.
 
   Être une femme dans l’entreprise est souvent plus difficile qu’être un homme :
 
             • À poste équivalent, le salaire des femmes est souvent inférieur de 10 à 15%.
             • « Les femmes sont plus souvent absentes » entend-on parfois…En omettant de préciser que si, en effet, sur une carrière les femmes sont plus souvent absentes que les hommes, c’est que jusqu’à présent ce sont elles qui portent les générations futures !
             • Les idées machistes, si elles ne sont plus exprimées à voix haute et en public, continuent à l’être parfois plus discrètement : « Si elle a été promue, elle ne le doit pas vraiment à ses compétences professionnelles, si tu vois ce que je veux dire… »
             • Les promotions sont plus souvent proposées aux hommes qu’aux femmes…Curieux, cette entreprise de vente de parfums qui compte 91% de femmes dans ses effectifs et aucune parmi les 12 membres du comité de direction !  Et le mot membre n’a jamais aussi bien utilisé que dans ce cas-là !
 
   On est encore loin, dans la réalité, de ce vœu prononcé par Françoise Giroud, il y a presque 35 ans : « La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » Et c’est vrai qu’une femme incompétente ne reste jamais longtemps à son poste…Alors qu’un homme !
 
   Regardons ce que peut être la vie d’une femme de nos jours :
 
   5h10, le réveil sonne ! Normal pour Mary qui a l’habitude de commencer sa journée de travail à 6h15 … ou à 13h15 … ou à 21h30 … Le mardi ou le dimanche … À Noël ou au jour de l’An.
   Mary est infirmière dans un centre hospitalier. Elle connait bien les horaires décalés.
   Mary est aussi maman de deux charmantes petites filles de 8 ans et 12 ans.
   Les emplois du temps d’une infirmière hospitalière et d’une maman sont assez difficilement compatibles.
 
   5h45, les phares de la voiture éclairent le bitume en cette fin de nuit d’hiver et la chaleur douillette des joues des filles endormies lors d’un rapide baiser avant de partir est déjà loin.
 
   6h15, Mary prend son poste. 18 patients sont hospitalisés aujourd’hui dans le service. Avec sa collègue du jour, elles prennent connaissance des dossiers avant d’entamer leur premier tour. Selon les normes hospitalières, elles devraient être trois pour assurer les soins des 18 patients mais les absences, les coupes budgétaires et les restrictions font que Mary a pris l’habitude de travailler en sous-effectif.
 
   14h15, fin du service … en théorie : deux patients ont arraché leur perfusion et le service des urgences de l’hôpital, totalement débordé, a transféré à 13h30 deux malades jugés dans un état stable dans le service de Mary. Évidemment, hors de question de ne pas s’occuper d’eux, même si cela signifie heures supplémentaires … non payées !
 
   15h20, enfin sortie de l’air confiné de l’hôpital ! Encore une journée où la pause sera restée un vague concept et le repas juste une idée alléchante ! Il est maintenant trop tard pour déjeuner, en se pressant Mary pourra être à l’heure à la sortie des classes pour retrouver ses deux jolis sourires.
 
   Déjà 21h45 ! Supervision des devoirs, courses, préparation du dîner, rangement, organisation, câlins du soir… Le reste de la journée est passé à la vitesse de l’éclair. Il est temps de se coucher si Mary veut être en forme demain. Certains soirs, Mary se fera la réflexion « Tiens, c’était dimanche aujourd’hui. »
 
  
Fiction ? Absolument pas !
  
   Nous connaissons tous des infirmières mais aussi des gérantes d’entreprises, des directrices commerciales ou de ressources humaines, des chefs de chantier … Toutes ces femmes ont en commun de mener, tous les jours, deux « métiers » de front  dont celui de meilleure maman du monde.
   Souvent, elles ont à leurs côtés un conjoint, parfois très impliqué. Parfois aussi, elles assument seules cette lourde charge.
 
   Très généralement, j’observe qu’elles sont plus positives, plus impliquées et plus volontaires dans leur travail que les hommes.
 
   Alors je veux les remercier chaleureusement : grâce à vous, la vie en entreprise est plus souriante, plus vivante, plus chaleureuse mais aussi plus efficace et moins complaisante… Et c’est peut-être ce qui irrite parfois certains représentants de la gent masculine.
 
   Une pensée et un grand merci spécialement pour :
Sophie G – Nancy F –Sylvie A – Gaëlle D – Apolline A – Eugénie A – Jeannie V – Ariane D – Sylvie G –Catherine G – Delphine L– Sandrine A – Karima T – Laurence G – Sandra F – Françoise B – Françoise C – Hélène B – Marie-Adélaïde A…
   J’avais pensé initialement laisser le mot de la fin à un autre chanteur : Julien Clerc (Femmes, je vous aime), mais finalement, je choisis Louis Aragon :
 
 « La femme est l’avenir de l’homme »
 
   Et vous qu’en pensez-vous ?
   Bonnes réflexions !
 
 

PS : Pour les hommes qui vivent les mêmes situations et qui eux aussi assument et assurent deux métiers dans la même journée, ils devinent que ce billet leur est également dédié.