Voici une réponse imagée à une question que
l’on nous pose parfois, souvent le vendredi soir, au bar du TGV, lorsque les
contacts avec les voyageurs sont facilités par la semaine terminée et les
degrés de la bière ou les bulles du coca : « C’est quoi un consultant
en management ? »
Pour
répondre à cette question, voici une histoire.
Un consultant en management se promène un
dimanche après-midi au volant de sa voiture. Au détour d’un virage, il aperçoit
un immense champ. Sur ce champ des centaines et centaines de taches blanches se
meuvent. Se rapprochant, il reconnaît des moutons. Fronçant les yeux, il
discerne au milieu de ce beau troupeau, un béret et sous ce béret un berger.
Curieux, comme un consultant, il décide d’aller à la rencontre de ce berger
pour l’écouter parler de son métier, de ses joies, ses réussites, ses projets,
ses difficultés…Et qui sait ? Peut-être y-a-t-il une formation en management
à vendre aux moutons ? Notre consultant ouvre la barrière du champ et y
rentre rapidement son véhicule, puis toujours vélocement, il referme la
barrière avant qu’un mouton ne s’échappe. Il remonte dans sa voiture et roule
doucement, sur un chemin approximatif, sur une centaine de mètres pour
rejoindre le berger. Notre consultant n’est ni sportif, ni écolo. Le berger,
surpris, mais heureux d’un peu de visite, accueille chaleureusement le
consultant en lui offrant un verre de lait tiède de brebis. Soudainement, le
consultant propose un pari au berger : « Vous me laissez une minute,
et je vous dis, à l’unité près, le nombre de moutons et de brebis dans votre
troupeau ! Si je gagne, je repars avec le mouton qui me plaira. »
Le
berger surpris et amusé par ce pari original, décide de l’accepter. En effet, il
est certain de ne pas avoir donné cette information durant leur demi-heure
d’échanges…De plus, les moutons gambadent gaiement, aussi, impossible de les
compter ! Le consultant n’est pas dans son lit en train de chercher le
sommeil…
Le
consultant remonte dans sa voiture, appuie sur quelques boutons et une parabole
sort de son toit. Les doigts du consultant s’agitent sur son clavier
d’ordinateur. Puis, après avoir rentré quelques données essentielles dont l’âge
du berger et la hauteur en centimètres de l’herbe de la prairie, un chiffre
s’affiche sur son écran : 374.
- Monsieur le Berger, je sais que vous avez 374 moutons et brebis
dans votre troupeau.
Le
berger est estomaqué ! La réponse est rigoureusement exacte. Le berger est
aussi honnête : « Monsieur le Consultant, vous avez raison. Au
dernier recensement de mon troupeau, je suis arrivé également à ce résultat. Je
vous laisse choisir le mouton qui vous plaira.
Souriant et content de lui, le consultant
se promène dans le champ, puis jette son dévolu sur une bête, qu’il s’empresse
d’enfermer dans son coffre de voiture. Puis, il salue le berger et redémarre
son automobile. A peine a-t-il roulé quelques mètres, que le berger, l’ayant
rattrapé, frappe à sa vitre. Le consultant s’arrête, ouvre sa portière. Le
berger lui dit : « Avant de partir, laissez-moi la possibilité
de regagner ma bête. Je vous propose de deviner quel est votre métier. Si je
réussis, je récupère ma bête.
Le
consultant ne peut qu’accepter. Il sait que durant leur échange, toute la
discussion s’est portée sur le métier du berger et que lui n’a rien dit du
sien. Le risque est donc minime. Et il doit bien sa revanche au berger. C’est
fairplay. « Ok, banco Sergio, j’accepte illico ! »
Le berger démuni de parabole, d’ordinateur
et autres gadgets modernes, lui déclare spontanément : « Vous êtes
consultant en management. »
Dans
son métier, le consultant en management a appris à ne jamais avoir l’air
étonné. Pour ne pas sembler tomber du nid… Ne pas avoir l’air étonné, surtout
lorsque les propos des clients sont étonnants et parfois détonants. Mais là, impossible de cacher son étonnement…
Ses yeux et sa bouche s’ouvrent autant que ceux de mon fiston découvrant une
note supérieure à dix dans son bulletin trimestriel !
- Vous avez raison. Je suis
consultant en management.
Le
consultant presse sur un bouton, le coffre s’ouvre et la bête percevant que sa
garde à vue bien injuste et arbitraire prend fin, s’éloigne à grandes empattées
de ce lieu de séquestration bien inconfortable.
- Monsieur le Berger, ne me laissez
pas partir sans m’expliquer comment vous avez deviné ma profession.
- Mais bien
volontiers, Monsieur le Consultant. Pas très difficile. Deux indices et une
preuve. Premier indice : vous êtes venu chez moi sans que je vous y
invite. Deuxième indice : vous m’avez fait payer très cher - une bête de
mon troupeau - , une information que je connaissais déjà : le nombre de
bêtes composant mon troupeau. Et enfin, la preuve… La bête que vous aviez choisie
et enfermée dans votre coffre, ce n’était pas un mouton…mais mon chien !
Bien sûr, l’intention de cette petite
histoire n’est pas de dénigrer notre propre métier mais plutôt de souligner
deux points :
· Il
n’est jamais mauvais de connaitre –reconnaitre – les propres limites de son
métier, de savoir prendre un peu de recul sur les enjeux et d’être réaliste sur
les effets de notre action. Nous ne sommes ni magiciens, ni thaumaturges.
· Ensuite, nous voulons garder à l’esprit
que quel que soit le sérieux avec lequel nous faisons notre travail, sérieux n’est
pas tristesse. On peut faire son travail avec conscience et sérieux en restant
positif, avec un peu de dérision et d’autodérision et en gardant à l’esprit que
cela peut, pardon, DOIT se faire dans la joie et le plaisir.
Et
c’est vrai pour tous les métiers.
Qu’en
est-il pour le vôtre ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Bonnes réflexions.
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