C'est quand Noël ?
19
octobre !
« Ils »
ont osé ! De plus en plus tôt.
Pour Sylvie et Marc, la rentrée des classes
est à peine digérée financièrement : « Vous avez dit école gratuite ?
Non ! C’est une blague ! »
Pour leurs enfants, Alexandre et Victoire,
c’est émotionnellement que ça coince encore un peu : jérémiades
revendicatives pour le collégien « J’ai l’seum, j’suis grave vénère,
j’kiffe pas l’bahut »
[NDLR « Je suis dépité, presque courroucé, j’ai
une relative aversion pour les établissements scolaires »]
Pour Victoire, en maternelle moyenne
section, plainte lancinante et répétitive qui déchire d’abord les cœurs mais aussi
très vite les tympans : « Pourquoi Joséphine n’est pas dans ma
classe, bouh, pourquoi Joséphine n’est pas dans ma classe bouh, pourquoi… ?».
Sylvie et Marc espéraient reprendre leur
souffle. L’organisation était enfin calée : judo, danse, accompagnement - Qui ?
Où ? Quand ? -, étude du soir…-, et la routine offrait un semblant de
calme, si nécessaire à l’équilibre familial.
« Ils » ont osé, un 19 octobre, pourquoi
pas pendant l’été ? Le premier catalogue de jouets « spécial Noël »
a été déposé ce matin dans la boîte aux lettres. Sylvie le sait, ce n’est qu’un
début. « Ils » sont à l’attaque. C’est un complot hyper bien organisé !
Les publicités télévisées vont déferler violemment dans quelques jours à coup
de slogans entêtants, puis les 4X3 vont se colorer de rouge et de vert sapin, enfin
les Pères Noël vont envahir les galeries marchandes et les rues piétonnes des
centres villes… Conséquence directe, Victoire va oublier Joséphine pour se
concentrer sur cette obsédante question : « C’est quand Noël ? »
Marc rêve de déménager avec sa famille dans
un hameau, sans connexion internet, ni réseau téléphonique, pas même une
préhistorique antenne de télévision sur le toit, pour s’isoler de toutes ces
sollicitations mercantiles et s’épargner les crispants « C’est quand Noël ? »
de sa princesse pas si douce et docile que ça… « N’y pense même pas…Tu
commences seulement à regarder une annonce immobilière et tu passeras Noël et
tous les suivants seul » lui a répondu Sylvie. Fin de la discussion !
Alors Marc essaie d’être patient. Il demande
à Victoire de compter jusqu’à 47…et le lendemain jusqu’à 46. Et il conclut à chaque fois par : « Tu
vois, c’est le nombre de nuits avant Noël ». Victoire semble un peu apaisée.
Pas pour longtemps. Après la sieste de l’après-midi, elle questionne :
« C’est bon, on est le matin, c’est aujourd’hui Noël ? »
Désespérant !
Enfin, arrive le jour tant attendu…pour
Sylvie et Marc : le 1er décembre et son traditionnel calendrier
de l’Avent. Ils vont pouvoir aider Victoire à se repérer dans ce temps qui lui
semble infini. Le calendrier va permettre de répartir l’effort de l’attente du
grand jour en petits efforts quotidiens. Chaque soir, Sylvie et Marc
accompagneront Victoire pour l’ouverture d’une fenêtre…sous le regard envieux
et moqueur d’Alexandre.
Ils s’extasieront ensemble devant le dessin que
Victoire aura dévoilé en ouvrant avec application : « Oh ! une
toupie... » « Ah, un berger… » « La jolie
bougie ! » « Tiens ! Dora l’exploratrice ! »
Puis consciencieusement, on aidera Victoire
à repérer la fenêtre suivante à ouvrir…demain soir.
Demain
soir !
C’est parlant pour une petite fille de 3 ans
et demi, presque quatre ans… C’est envisageable, tenable, raisonnable…Victoire
saura se montrer patiente, et ne pas ouvrir par anticipation toutes les
fenêtres, ce qui en aucun cas n’accélèrerait le temps mais énerverait
certainement son papa. Certains soirs, la famille passera un peu plus de
temps lors du rituel d’ouverture : le 3 décembre « comme ton âge, ma puce » , le 7
décembre « comme l’âge mental
d’Alexandre » s’amusera tout seul Marc , le 12 décembre « Déjà la
moitié des fenêtres ouvertes ! » et évidemment, le 24 décembre pour
ouvrir la fenêtre bonus : deux battants et la représentation d’une jeune
et jolie maman, d’un solide papa et d’un nourrisson joufflu…ou d’un Pokémon
rigolard. Ça dépend des versions !
Enfantin,
ce billet ? Pas si sûr !
Lorsque nous proposons un objectif annuel à
un collaborateur, en lui donnant rendez-vous dans un an pour son entretien d’évaluation
et pour constater l’atteinte ou la non-atteinte de l’objectif, n’est-ce pas un
peu décourageant ? Au point que, parfois, il se désintéresse d’un objectif
pour lequel la ligne d’arrivée est trop lointaine, donc inaccessible. Alors,
sans prendre nos collaborateurs pour ce qu‘ils ne sont pas - des petites
Victoire -, proposons des objectifs intermédiaires suffisamment lointains pour qu’une analyse pertinente puisse être établie,
mais suffisamment proches pour que la ligne
d’arrivée intermédiaire puisse être visible. En découpant l’objectif annuel en
objectifs intermédiaires, la performance devient-elle facile ?
Facile,
non !
Mais
beaucoup moins difficile.
Une des missions de chaque manager est de
rendre l’atteinte d’un objectif annuel la plus accessible possible. Certainement pas
en les révisant à la baisse, ni en prenant la place du collaborateur…Mais en
séquençant l’année et en le rencontrant régulièrement.
Séquencer pour ne pas démotiver et
rencontrer régulièrement pour motiver par un pilotage précis, exigeant,
reconnaissant et positif.
Offrons à nos collaborateurs des objectifs intermédiaires !
Pour ce collaborateur, un de ses objectifs annuels consiste à baisser le taux
de rebut de 4% à 2%. Répartissons l’effort par
trimestre : « Dans un premier temps, on va viser une baisse de 0,5 %
au premier trimestre. On va réfléchir à la manière d’y parvenir ensemble. On se
rencontrera le 5 avril pour faire un point et envisager le trimestre suivant
… »
Pour ce négociateur immobilier, un des
objectifs, c’est de « rentrer » 12 mandats de plus que l’année passée…
12 mandats…12 mois…Divisons l’objectif en 12 morceaux, pour permettre à ce
négociateur de se poser, regarder le chemin parcouru, éventuellement recaler le
plan d’action et repartir pour un mois.
L’année
est séquencée ? Parfait.
Rencontrons notre collaborateur à chaque étape
intermédiaire. S’il se retrouve seul, il y a peu de chances qu’il soit en capacité de regarder avec lucidité le
passé, d’en tirer des enseignements pour l’avenir et de repartir à l’assaut de
la prochaine fenêtre du calendrier, de l’objectif intermédiaire suivant, avec plus de certitudes
sur le comment y parvenir et d’énergie à investir. Nous devons par un
questionnement précis, une écoute efficace, l’aider à faire ce travail
essentiel pour capitaliser et repartir à la conquête de l’objectif suivant en
étant mieux armé.
À l’aube de cette nouvelle année,
serons-nous capables de répondre à ces deux questions :
1. Quels objectifs et indicateurs de mesure pour chacun de nos
collaborateurs ? Avocat, réceptionniste, cariste, comptable, chirurgien, veilleur
de nuit, gardien de la paix, éducateur …
[NDLR :
Comment ? Impossible de donner un objectif individuel à chaque
collaborateur ! Il va falloir que nous en parlions !]
2. Quelle fréquence de rencontres pertinentes pour que le collaborateur ne
se sente ni materné, ni abandonné, mais accompagné ?
Vous avez répondu ? Parfait !
Vous n’avez pas répondu ? Il n’est
jamais trop tard pour bien faire.
À vos marques…
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Bonnes réflexions !
Nous vous souhaitons un très joyeux Noël et une
année de pilotage individuel riche de partages et de réussites.